Une journée de mer: 21 Mars.


Nous étions depuis deux semaines en mer, à proximité des côtes bretonnes, dernière destination de" l'Aucuba", solide cargo de trente mètres , que la mer avait durement éprouvé au passage du golfe de Gascogne; imperturbable, le capitaine demeurait dans le poste de pilotage, ses pensées axées sur la seule préoccupation du moment: ramener le bateau, ses hommes , et sa cargaison de fèves de cacao à bon port; une avarie sérieuse s'était déclarée, consécutive à un incendie, depuis longtemps maîtrisé mais, la coque fragilisée , l'inquiétude demeurait de devoir affronter une nouveau "coup de chien". Le bosco était sur la passerelle à guetter les évolutions d'un hydravion; c'était un homme solide , issu comme lui du village de Plouneventer, et que le capitaine respectait; chacun était conscient que ce voyage serait probablement le dernier du cargo, espérant une autre affectation que leur âge leur permettrait d'envisager. Des coursives aux cabines, l'équipage aguerri s'afférait aux multiples tâches , l'air saturé des vapeurs de gas oil échappées d'un bidon, cocktail Molotov dérisoire dans un coin remisé, bouché d'un tampon de toile. L'odeur puissante ne parvenait pas à interrompre la fixe attention de l'homme, il savait que la côte était proche, les notifications de route, crachouillées par la radio le confortaient. Bientôt les "Tas de Pois", puis la rade et enfin un repos réparateur...

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