Correspondances


Le thème des Vanités est une figure de style qui traverse la période classique. Tout autant qu'une démonstration de l'illusion ou des turpitudes de l'âme humaine, il permet à l'artiste de décrire la "splendeur" des ambitions.
La beauté qui s'en dégage est-elle alors perverse?- Comme celle du Diable ou de la tentation?
Le titre "Correspondances" renvoit explicitement à la démarche du poème de Baudelaire.
C'est aussi une recherche pour répondre à la question précédente: quelle peut-être la beauté de la transgression?- Ou à quoi peut donc faire signe positivement la notion de péché?
Arrêtons-nous quelques instants sur ce thème de la correspondance- Le moderne préfère celui de Résonnance.
Le visiteur est conduit vers sa propre mémoire - Ces images éveillent en lui d'autres formes de ses souvenirs . De ceux qu'il a goûtés, caressés, humés, écoutés ou vus. De ceux qu'il a gardés avec nostalgie, effroi, ou plus encore de ceux qu'il s'étonne de retrouver ainsi convoqués, inattendus.
L'artiste choisit volontairement d'associer entre elles diverses références - les emboîtant içi, les redoublant là, les mettant en vis-à-vis ou en opposition...
Ce chemin d'appropriation par chacun conduit à l'intériorité -celle qu'évoque Saint Augustin en parlant de l'amour de Dieu - l'auteur des Confessions éclaire ainsi nos pas.Nous sommes conduits de la multiplicité des sensations et des évocations vers l'intérieur de nos sens.
Cette intériorité n'est pas effrayante! Elle est dérangeante de nos apparences...Ces Vanités (tiens revoici le mot! )que justement nous montrons à autrui...mais dont finalement nous ne sommes pas dupes...le recoin du tableau, l'image sous l'image, la bouteille enfin retournée et renversée font signe à plus qu'eux-mêmes- Tout d'un coup dans ce voyage en nous, nous percevons cette lumière intérieure.
Ce qui, aux yeux du monde peut paraître turpitude, excès, désorde, recèle pour chacun de nous une expérience unique et cachée -d'une beauté qui est la grâce- Non pas la justification du péché, ce qui serait perversité- - mais la justification du pêcheur.
Il y a aussi et plus encore, dans notre mémoire, le réveil de cette suavité, de cette douceur, de cette tendresse -Un éclair se faufile. Il renvoit chacun à son tréfond d'humanité, d'être fait pour la vie et pourtant mortel.
La grâce est cette étincelle d'éternité qui se glisse dans notre temps!- L'excès de vanité lasse, rend bouffi ou sourd -Son évocation subtile quand elle évoque l'ambivalence, le mélange de toute existence renvoie au meilleur de la
face cachée des péchés et des turpitudes -ce souffle ténu qui clôt le roman de Bernanos (le journal d'un curé de campagne):" tout est grâce";
C'est cette correspondance intacte que vise l'art -entre le coeur du spectateur et l'objet ou le tableau.
Au delà de ces vanités, se réveille en notre mémoire cette étincelle de certitude, nous étions vivants ...et nous le sommes encore!.


Hugues Derycke
Prêtre de la Mission de France
Chargé de mission à l'Essec
Expert au service Incroyance et Foi

septembre 2007

2 commentaires:

Anonyme a dit…

j'aime bien ce tableau !!!magnifique!!! Jiwei

Anonyme a dit…

Tout en respectant la thématique du peintre 'Les Vanités' je perçois dans le tableau présenté la sensation d'un lieux intermédiaire entre le ciel et la terre. Un espace comparable à celui d'un tunnel ou à une voie lactée me conduisant vers le mystère de la création. Par le biais de cette Oeuvre l'artiste à répondu de façcon figurative à un questionnement métaphysique. Le plan bleu du tableau m'offre à réfléchir sur le devenir, en correspondance avec mon interprétation imaginaire de l'oeuvre, mon ressenti n'étant pas le sujet traité par l'artiste.
Marie.

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